De l’utilité relative d’un portail
Un best of de la Suisse réunissant tous les sites officiels sous un seul toit à une même adresse ? C’est en tout cas la piteuse tentative qu’a effectuée le gouvernement français cet été, avec le site France.fr. Lancé en grande pompe le 14 juillet, ce site à trois millions d’euros devait devenir la référence pour les étrangers, les touristes, les investisseurs et les médias internationaux. Or, son architecture est si mal conçue qu’il tombe en panne le jour même et reste inutilisable des semaines.
Fidèle à sa discrétion légendaire, la Suisse dispose elle aussi d’un tel site. Mais personne ne le sait. Tapez suisse.ch*, et vous accédez à un site entretenu par la cyberadministation de la Chancellerie fédérale depuis octobre 2008. L’adresse exacte se chuchote : www.ch.ch.
L’information y est classée comme dans une bonne vieille bibliothèque. Pas vraiment au goût des jeunes. L’utilisateur moyen est un homme sans enfant âgé de 55 à 64 ans qui n’y passe pas plus de 2 minutes selon le site de référencement Alexa.com.
Pire ! Quand vous chercher « Suisse » sur Google.com, le site www.ch.ch est absent des 20 premières pages ! Un bon point en passant pour le site www.suisse.com qui renvoie au portail touristique MySwitzerland.com géré par Suisse Tourisme. Beaucoup mieux référencé, il se place parmi les 15.000 sites les plus populaires au monde !
Le portail répond à l’idée erronée qu’il n’y a qu’un seul accès à la Suisse. Or ça ne marche pas comme ça. Les visiteurs virtuels accèdent en Suisse en zoomant sur Google Maps et Streetview, en regardant des photos sur Flickr, des vidéos sur YouTube, des recommandations sur Facebook, des messages sur Twitter, ou des check-ins sur Foursquare. Le portail : un concept qui n’a plus sa place dans l’ère des réseaux sociaux.
Article paru dans Bilan le 22.09.2010.
PS.: *Tapez www.suisse.ch, www.schweiz.ch, ou www.svizzera.ch avec les www et l’accès en Suisse vous sera refusé ! Avis au webmestre de la cyberadministation !